L'Allier


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L'Allier, long de 425 kilomètres prend sa source en Lozère à une vingtaine de kilomètres de Langogne et se jette dans la Loire au bec d’Allier, près de Nevers.

Les précédentes pages relatent nos deux descentes des 110 premiers kilomètres praticables en randonnée et celle-ci les 220 kilomètres suivants, jusqu'à la Loire.
 

Descente de Coudes à Fourchambault du 23 au 29 avril 2013
 

Mardi 23 avril : Coudes - Les Martres-de-Veyre (11,3 km)

Nous partons de Coudes exactement où nous nous étions arrêtés en mai 2011. En rive droite, un bel espace engazonné est agréable et tranquille pour monter le bateau.
Partis d'Aix ce matin, il est seize heures lorsque nous embarquons, tout heureux de reprendre la navigation après la saison de ski.


 
Une heure plus tard, nous voyons une île accueillante et décidons d'y débarquer pour faire une petite pause.
 
- On serait bien ici pour passer la nuit, ça ne te frustre pas si on ne va pas plus loin aujourd'hui ? me demande Sylvie.
- Non pas de problème.
Même si au fond de moi l'envie de faire quelques kilomètres supplémentaires était présente...
 
 

Mercredi 24 avril : Les Martres-de-Veyre - Crevant-Laveine (41,8 km)

Nous avons déjà parcouru cette section jusqu'à Cournon en 2008 mais nous n'en avions pas ce souvenir. Aujourd'hui nous la trouvons agréable et pas du tout monotone. Comme quoi...


Ensuite c'est la découverte.
 
Quatre kilomètres après le pont de Cournon un panneau indique un danger en rive gauche " Risque d'éboulement, ne pas débarquer ".
 
Nous poursuivons aidé par un courant non négligeable d'environ 5 à 6 km/h.
 
Les berges sont propres et les arbres avec leurs toutes jeunes feuilles présentent de nombreuses variations de tons verts. Quelques-uns sont en fleurs apportant des touches de pourpre et de blanc.
 

                  
A Pont-du-Château nous débarquons pour repérer le barrage situé sous le pont. A gauche et à droite ça rappelle mais le long de l'échelle à poissons cela devrait passer sans problème.
 

   
Sylvie préfère la marche, j'y vais donc seul, ce qui allège le canoë et m'évite de prendre trop d'eau dans les vagues qui suivent.
 


 

   
 
Sur la berge un panneau informe et invite à la préservation de l'Allier. Hélas, il y a encore du travail à faire car l'eau qui sort d'une buse à l'endroit où je récupère Sylvie et les chiens vomit une eau nauséabonde.
 
 

Cinq kilomètres plus loin un nouveau bruit sourd d'eau en mouvement fait dire à Sylvie
- Il y a encore un barrage.
- Non, vu le relief du fond ce doit être la cassure géologique évoquée dans un récit du forum de Carnets d'Aventure dont j'ai hélas un souvenir imprécis. Dans ma tête j'ai souvenir d'une photo de cordelage sur des dalles lisses avec trop peu d'eau.

Le lit est large et de loin aucune berge ne semble accueillante pour un débarquement, voir un éventuel portage. Nous choisissons tout de même de nous rapprocher de la gauche. Il y une vingtaine de centimètres d'eau au-dessus des dalles et je me dis qu'on va pouvoir éviter le cordelage.
Je distingue que la pente s'accentue légère-
ment et qu'il y a quelques petits rouleaux pas bien méchants.
Je demande à ma coéquipière ce qu'elle en pense. Sous-entendu : si elle préfère passer avec moi ou à débarquer.
- C'est bon, les vagues ne sont pas trop grosses.
Nous nous engageons, passons les deux premiers rouleaux sans problème et là... 

Je détaille mais dans la réalité ça va beaucoup plus vite que pour l'écrire et même le lire. Juste une seconde, voire deux...

Je découvre que la suite est moins simple et qu'on est mal ! Il ne s'agit plus de petits rouleaux mais de grosse écume et je ne suis plus sûr que ça passe sans problème.
L'idéal serait de s'arrêter en bac arrière, nous ne sommes pas loin de la berge, mais il n'y a aucun contre courant permettant de stopper rapidement et rien non plus pour s'accrocher. Très chargés avec les deux chiens et le matériel de bivouac, notre inertie est grande. Cumulée au courant déjà important j'estime qu'il est peu probable que nous puissions nous arrêter avant le trou qui se rapproche très rapidement.


Là où nous en sommes, le mieux est d'y aller en gérant au mieux.
Nous ne sommes pas trop mal positionnés et il me suffit d'ajuster légèrement pour être bien perpendiculaire au rouleau qui rappelle un tant soit peu. Il va falloir forcer pour en sortir et bien maintenir le canoë dans l'axe pour ne pas se faire retourner comme une crêpe.
L'avant plonge dans le creux puis ressort dès que je suis descendu à mon tour. Nous avons embarqué beaucoup d'eau mais nous flottons encore.
Nous sommes quasiment tirés d'affaire...

Hélas la gîte est difficile à maintenir et le fait de pencher légèrement achève le remplissage. Cette fois nous flottons entre deux eaux. Je crie à Sylvie :
- Reste dans le bateau et continue à pagayer (dans le canoë, on ne risque pas de se coincer une jambe entre 2 rochers et il faut continuer à pagayer fort pour sortir de la zone dangereuse).

Ça y est nous sommes sortis de l'écume et un beau contre courant est prêt à nous accueillir. Je donne l'autorisation de quitter le navire et pour que les chiens comprennent, je me penche afin de le retourner. Ce sera plus facile ainsi de rejoindre la berge.

Tout le matériel est là sauf un sac étanche qui part seul. J'imagine vider rapidement le canoë et rattraper le sac mais je m'aperçois qu'il a souffert et ne peut plus naviguer en l'état. Pas de temps à perdre, je cours sur la rive tant que celle ci est praticable puis me jette à l'eau pour récupérer le précieux bagage contenant les sacs de couchages et les croquettes des chiens.

 
Pendant que Sylvie s'occupe à diverses tâches comme vider la glacière, je démonte partiellement le canoë pour redresser quelques armatures. Je constate que les deux couples qui se sont désolidarisés du bord sont cassés dans un coude (c'est un point forcément plus fragile et j'y reviendrai prochainement dans la page matériel). Mais grâce à la pièce plastique qui guide les tubes perpendiculaires tout tient en place et l'on pourra reprendre notre navigation.
 
 

Ce petit bricolage terminé, je remonte le long de la berge pour regarder le passage que l'on vient de franchir : c'est impressionnant, on s'en est bien tiré !
Je n'imaginais pas qu'il puisse y avoir un tel passage à ce niveau de l'Allier. C'est certainement la première cause de mon imprudence à m'engager dans ce rapide dont je ne distinguais pas nettement la sortie. Ensuite, je pense que mon jugement a été altéré par les photos sans eau que j'avais vu sur le forum, oubliant complètement le commentaire précis que je viens de relire et qui mentionne "une formation géologique potentiellement dangereuse selon le niveau d’eau, à reconnaître absolument."

Entièrement coupable sur ce point, il me faut savoir si l'option de ne pas tenter un accostage était la bonne. Je remonte un peu plus haut et il se confirme que OUI car la rive est constituée d'une dalle inclinée très glissante. Ouf, pas de regret de ce côté.
Sylvie me fait remarquer que le panneau indiquant un danger après Cournon aurait davantage sa place ici.


   
A gauche la partie amont du rapide et à droite le seuil final. Il manque un bateau pour donner l'échelle mais cela me tentait moyennement de le repasser sans pontage ! 

Tout cela ne nous ayant pas coupé l'appétit, nous rembarquons après le casse-croûte. Deux kilomètres et demi plus loin l'enrochement sous l'autoroute Clermont-Thiers nous oblige à un portage en rive droite.
Encore deux kilomètres et c'est un nouveau passage à négocier sous une ligne électrique. Sylvie passe à pied et moi en bateau.
La suite sera enfin plus paisible.
 

Jeudi 25 avril : Crevant-Laveine - St Rémy en Rollat (Vichy) (43,1 km)

Rien de particulier sur cette étape si ce n'est la traversée de Vichy qui contraste avec le caractère rural de cette rivière. Pendant que Sylvie part faire un petit ravitaillement, je supporte difficilement le bruit de deux jet-ski qui se tirent la bourre sur le plan d'eau.
Le débarquement au niveau de la tour d'arrivée et le portage le long du bassin de slalom me rappellent quelques souvenirs de compétitions, il y a bien longtemps !
 

Vendredi 26 avril : St Rémy en Rollat (Vichy) - Varennes-sur-Allier (19,1 km)

Ce matin le ciel est couvert et la pluie se met à tomber alors que nous n'avons pas encore terminé notre petit déjeuner. Nous remballons en vitesse et attaquons la navigation.

Sylvie qui ne me fait plus confiance depuis l'épisode du 24 passe la digue de Billy à pied. Avec ce niveau d'eau, pas de risque de toucher, il y a juste quelques grosses vagues à négocier.
 

                  
A partir de Créchy nous négocions de nombreux méandres pour le plus grand plaisir d'Ilouliak qui prend la meilleure place afin de ne rien perdre du spectacle qu'offrent les nombreux oiseaux.
- Fais comme tu le sens Ilou, on gère l'équilibre du canoë ! 
 

                  
Nous stoppons en face Varennes pour la pause midi. Bien que la pluie fasse également un break nous installons le tarp en préventif.
 

   
L'accalmie ne durera pas et je devrai prêter mon bob à Taïga pour qu'elle s'abrite !
 
Finalement nous déciderons de passer l'après-midi et la nuit en ce lieu tranquille et dans l'espoir que la météo s'arrange...
 
 
 
 

Samedi 27 avril : Varennes-sur-Allier - Les Hérards (48,5 km)

Il faut se rendre à l'évidence, le retour du soleil n'est pas pour aujourd'hui. L'Allier est monté d'environ vingt centimètres durant la nuit mais nous ne pouvons rester ici éternellement.
Aujourd'hui, nous allons traverser la réserve du Val d'Allier qui est interdite aux chiens.
A condition de ne pas débarquer, nous ne voyons pas en quoi ils dérangeraient la faune et la flore plus que nous.
Mais étant des citoyens respectueux de lois, nous déposons les chiens à la gare de Varennes et les récupérerons à Moulins. Avec la SNCF tout est possible ! 
 
Nous cherchons à distinguer ce qui différencie "La Réserve Naturelle" des paysages précédemment traversés :
Il y a maintenant de nombreux pictogrammes aux couleurs délavées décorant les arbres et indiquant que le camping est interdit. Pour le reste, il n'y a ni plus ni moins d'oiseaux, la route est parfois distante de moins d'un kilomètre et plus bas une affreuse ligne très haute tension défigure le paysage.
Bien que cela soit exactement ce que nous avons vu, j'avoue faire preuve de mauvaise foi. Mais le terme de réserve naturelle me hérisse le poil. Je ne nie pas leur utilité mais considère que c'est de la poudre aux yeux masquant (ou cautionnant) la destruction de la nature autour d'elles. J'avoue avoir du mal à associer le terme "naturel" avec "réglementation et interdictions" ; il y a là une forme de paradoxe. Je suis certainement utopiste mais préfère les notions d'éducation et de sensibilisation.

Nous espérions trouver un camping à Moulins mais il y a seulement une aire pour camping-car dont les sanitaires sont fermés.
Des enrochements rendent le passage sous le pont impossible. Heureusement, avec ce niveau d'eau l'échelle à poisson rive gauche est franchissable.
Nous profitons de l'Intermarché situé cent mètres plus loin pour faire un petit ravitaillement. Puis poursuivons jusqu'à trouver un coin sympa et tranquille pour passer la nuit.
 

Dimanche 28 avril : Les Hérards - Les Lorains (Apremont-sur-Allier)(46,7 km)

Il continue à pleuvoir et durant la nuit le niveau a encore pris une vingtaine de centimètres.

L'étape d'aujourd'hui nous offre de grandes lignes droites mais le parcours est loin d'être monotone car nous continuons à voir de nombreux oiseaux comme ici ces belles cigognes.
De plus, notre passage par des bras étroits entre de nombreuses îles divisant le large lit de l'Allier nous donne l'impression de changer de rivière.
 

   
Aidés par un courant important, nous nous rapprochons de la Loire à bonne allure.
Le joli village d'Apremont attire notre attention et nous y débarquons afin d'en faire la visite.
 

   
Deux kilomètres plus loin, au prix d'un portage un peu difficile en rive droite, nous renonçons à franchir le barrage qui ne nous inspire pas confiance.
 
Il se fait tard et l'île suivante sera idéale pour établir notre bivouac.
 
 
 
 

Lundi 29 avril : Les Lorains (Apremont-sur-Allier) - Fourchambault(11,7 km)

Il ne nous reste que quatre kilomètres avant de rejoindre la Loire. Le dernier obstacle est sous le pont canal. Comme au barrage précédent il y a un rappel mais en choisissant bien son passage et en prenant suffisamment de vitesse, c'est facilement franchissable en canoë. On n'a seulement pas le droit de se louper et de s'y retrouver à la nage. Je le franchis donc délesté des chiens et de la maîtresse.

Après le passage du bec d'Allier, nous poursuivons sur la Loire jusqu'à Fourchambault.

Pour la navette, environ toutes les deux heures un train fait la liaison entre Nevers et Clermont. Mais la difficulté réside à rejoindre la gare de Nevers et Coudes depuis la gare de Clermont.


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Dernière modification le 23/05/2013

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