Margeride du 2 au 6 mars 2009


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Jour 3 : Esparbeyre – Narce de Lauter via le Sauvage (23,5 km)

Le ciel est resté étoilé jusqu'aux environs de 5h, puis les étoiles ont disparu. J'ai espéré que ce soit dû au lever du jour, mais le ciel s'est bel et bien chargé de gros nuages.
Peu après mon départ, les premiers flocons de la journée font leur apparition. Hélas, au long de la journée, ils seront souvent mêlés à de la pluie. Cela fait partie du jeu, maintenant que je suis en route, il en faudrait plus pour me décourager et me détourner de l’objectif que je me suis fixé hier soir en consultant la carte : atteindre le Sauvage avant d’envisager un itinéraire de retour.

Dans un premier temps, il nous suffit de suivre le GR43 que je quitterai à La Barthe où se situe une extrémité du parc animalier de Sainte Eulalie abritant des bisons d'Europe.
Je le longerai sur une petite distance, mais durant un bon moment tant ma progression sera difficile. Une multitude d’arbres sont couchés sur la petite piste et certains ont endommagé la clôture du parc. Imaginerez la difficulté à contourner ou escalader ces obstacles avec un convoi (Ilou, pulka et moi) devant faire environ au moins sept mètres de long.
Il est en effet plus prudent de garder Ilouliak attaché afin de prévenir toute envie pour lui d’aller à la recherche des Bisons.

C’est avec un grand plaisir que je quitterai cette zone et rejoindrai le ruisseau de la Bessayre qui me guidera jusqu’au Sauvage sous une pluie de neige fondue.

Je ne sais pas si on peut le dire comme ça, mais c’est comme cela que je l’ai ressenti.

J’ai commencé mon retour et la variante du GR4 traverse le village de Brenac.
Je n’y rencontre personne à qui demander si le bâti muni de sangles et destiné à maintenir les chevaux ou les bœufs lors du ferrage est toujours utilisé. Je regrette d’ailleurs de ne pas avoir eu le courage de sortir l’appareil photo rangé à l’abri de la pluie sous la bâche de la pulka.

Le second village que je traverserai sera celui de Combes et j’aurai cette fois la chance de pouvoir me délier un peu la langue avec un sympathique villageois :

- « Bonjour, eh bien vous en avez de la neige cette année ! »
- « M’en parlez pas, et c’est pas fini, on n’est pas prêt de passer sur le chemin avec le tracteur... »

Effectivement, le chemin est dominé par un champ en pente et beaucoup de neige a été soufflée sur celui-ci, si bien qu’il s’agit maintenant d’un dévers à 45° que j’ai eu du mal à négocier avec la Pulka.

- « Vous venez de loin ? »
- « Je fais une boucle, je suis parti lundi de Pelouse, ce midi j’étais au Sauvage et maintenant je redescends pour terminer vendredi matin. »
- « Jolie ballade, c’est bien. Nous à la campagne, on ne marche plus, on fait tout avec le tracteur. C’est comme la neige, on s’est habitué à ce qu’il n'y en ai pas ou très peu. Pourtant, il y en a eu dans le temps des hivers rigoureux et on n’était pas perdu comme maintenant... »

C’est fou la capacité de l’homme à se rendre compte de ces choses et à ne pas réagir.

- « Et les loups, vous n’en avez pas aperçu, vous ne les craignez pas la nuit ? »

Ce n’est pas la première fois qu’on me pose cette question. Même si ce sujet est sérieux et que le débat peut vite devenir passionné, je choisis de répondre avec un sourire jusqu’aux oreilles.

- « Non, pourquoi ? Il y en a dans le coin ? De toute façon, ils n’attaquent pas l’homme, ça peut craindre éventuellement pour mon chien, mais il dort à proximité de moi. »
- « Y parait, des chasseurs et le garde forestier ont retrouvé des restes de chevreuils. »
- « Et ils ont pu déterminer que ce n’était pas des chiens errants ? »
- « Oui c’est possible que ce soit des chiens... »

A ce moment, je me tourne vers Ilouliak et m’adresse à lui :

- « Et toi, qu’est ce que tu en penses ? Ça te dirait de manger du chevreuil ? »

Extraordinaire, le museau dirigé vers le ciel, il nous gratifie d’un HOUOU comme il sait les faire.
Éclat de rire général.
J’installe maintenant les roues sous la pulka :

- « Astucieux votre système, mais faudrait pas que le chemin soit trop mauvais, les roues sont un peu petites. »
- « C’est sûr, c’est pas celles d’un bon gros Ferguson, elles ne tiendraient pas dans la pulka. »
- « Ben on n’a pas besoin de grand chose pour partir quelques jours en vacances... »

Sa remarque me fait plaisir. En écrivant ces lignes, je me dis même que certains ont moins pour vivre, mais c’est une autre histoire...

Mon chemin passe ensuite par la maison forestière de Berthaldès. C’est une grosse bâtisse à étages, la route d’accès est dégagée, ce qui contrarie ma progression.

Ce soir, ne sachant pas si le ciel a encore beaucoup d’humidité à déverser, je décide de monter la tente. J’utilise quelques morceaux de bois mort en guise d’ancre à neige. Pas besoin de les enfoncer trop profond, la neige est suffisamment lourde et pour peu qu’il gèle durant la nuit, j’aurai du mal à les extraire demain matin.


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Dernière modification le 14/10/2009

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