Margeride du 2 au 6 mars 2009


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Jour 5 : Lac Charpal amont – Pelouse (8 km)

Pour ce séjour, en plus de mon matelas standard, j’ai emporté le Thermarest autogonflant de ma femme.
Cela rend le couchage plus confortable mais depuis la nuit dernière, je suis régulièrement réveillé par des fourmillements dans les mains. J’attribue cela à des points de compression durant mon sommeil. Mais comme cela a duré plusieurs jours après mon retour il semblerait que ce soit plutôt dû aux efforts effectués en poussant sur les bâtons. (Depuis, je me suis fait opérer du canal carpien)




Il me regarde ahuri et se retourne de l’autre côté.
C’est décidé, je vais profiter de cette insomnie pour tester la progression de nuit.

Je me fais un bon petit déjeuner, et me prépare pendant qu’Ilouliak poursuit sa nuit.
Bref, à quatre heures, il n’y a plus moyen de retrouver le sommeil.

J’écoute un peu de musique et fini par réveiller Ilouliak avec le flash de l’appareil photo.




Ce n’est qu’à six heures, lorsque je serai harnaché à la pulka et que je dirai "Aller, on y va" qu’il daignera se lever, s’étirer et se mettre à trottiner.

Ce n’est pas la première fois que je me déplace de nuit dans la nature. Mais ici, je suis en terrain inconnu, la lune éclaire peu et la frontale que j’ai emportée ne porte pas à plus de deux mètres. Il faut donc que je fasse travailler mes sens de façon différente.
Tout ça confère à cette expérience un côté magique que j’apprécie.

Naturellement, j’utilise plus fréquemment le GPS pour confirmer ma position.
J’ai également choisi de laisser Ilouliak libre, autant dire que je le perds souvent des yeux. Pour compenser, je lui parle davantage et lui demande plus souvent de revenir vers moi. Ce Malamute est vraiment merveilleux et nous progresserons ainsi sans encombre jusqu’à l’aube.

L’expérience fut un peu courte mais elle m’a procuré des sensations que je redemande.

Avec le lever du jour, le vent forci et je pourrais presque parler de tempête. Nous n’en souffrons pas trop puisqu’il est carrément de dos.

J’ai attelé Ilouliak et profite encore de bons moments de glisse.
Avec le vent de dos, nous approchons rapidement de Pelouse notre destination finale.

Arrivé à proximité du village, alors que la descente s’accentue, nous débouchons sur des traces de tracteur. J’ai le temps de dire STOP, mais ça n’a pas le temps d’arriver jusqu’au cerveau d’Ilouliak... ... Et une gamelle de plus...

Il n’est que 8h15 quand nous arrivons à la voiture.

Je rencontre à nouveau la dame croisée lors du départ. Elle me lance un :

- « Ah, je suis rassurée, vous n’êtes pas mort ».
- « Et pour quelles raisons le serais-je ? »

Nous discourrons du froid et de la neige, je lui décris mon parcours, la façon dont je procède pour installer mon bivouac.

- « Et le chien, il n’a pas froid, vous le couvrez ? »

Je lui montre et lui fait toucher l’épaisseur de sa fourrure.
En expliquant les choses, tout devient naturel et normal, je ne passe plus pour un extraterrestre.
Au bout du compte, nous sommes d’accord sur l’adaptation au froid :
Certaines personnes ont une thermorégulation plus performante que d’autres, mais le facteur psychologique est important, de même qu’une certaine accoutumance.

Au fil de la conversation, la confiance s’est installée.
Elle me confie être née un 24 décembre près de l’unique cheminée de la maison. Les conditions étaient bien plus rudes que maintenant.

- « L’urine gelait dans les pots de chambre » me raconte t-elle.

Puis nous parlons de nos familles respectives, elle est un peu étonnée d’apprendre que j’ai une femme et de grands enfants. Elle me voyait plutôt solitaire vivant avec mon chien. Il ne faut pas se fier aux apparences !
Nous nous quittons à regret, elle doit aller soigner ses bêtes, je dois prendre le chemin du retour...


Conclusions :

Une fois encore, je me suis régalé. J’ai déjà en tête quelques projets de plus longue durée. Pourvu que l’hiver prochain soit également bien enneigé...

Compte tenu du temps dont je disposais et de mon choix de faire une boucle, je n'ai pas pu parcourir la partie de la Margeride situé au nord du Sauvage. Mais je peux dire qu'à l'image du Mont Lozère, la Margeride se prête particulièrement bien à la randonnée nordique.
Je dois reconnaître un peu honteux qu'il m'a fallut attendre presque 48 ans pour découvrir ce massif. La Lozère, je connaissais pourtant depuis longtemps pour avoir bossé dans les gorges touristiques du Tarn en tant que moniteur de CK, pour avoir parcouru le Tarn de Pont de Montvert à Florac en kayak de haute rivière et m'y être fait quelques frayeurs, pour avoir fait de belles voies d'escalade dans les gorges de la Jonte, pour avoir randonné sur les Causses. Mais je suis confus, la Margeride, jusqu'il y a peu, je l'ai ignorée.
Ceci est la preuve qu'il me reste encore de belles régions à découvrir sans devoir aller bien loin. Puissent-elles rester suffisamment sauvages et préservées.

Cette fois, je n'ai pas cassé mes skis et je les ai donc utilisés sur les ¾ du parcours. Ceci me permet d'y voir un peu plus clair quant aux avantages et inconvénients par rapport aux raquettes.
Je rappelle que ce ne sont pas de véritables skis de randonnée nordique, mais des skis de fonds classiques à écailles, et que je tractais une pulka (25 à 30 kg), ce qui n'est pas sans conséquence sur mon jugement.
Pour les skis, il n'y a des avantages qu'en terrain facile (plat ou en pente modérée, neige non verglacée, absence d'obstacles comme barbelés, congères ou arbres couchés). J'y trouve alors un confort d'utilisation et une efficacité en terme de vitesse de progression indéniable.
Pour palier au problème des montées raides, les peaux sont certainement la solution, mais elles nécessitent une manipulation équivalente au chaussage des raquettes.
Pour les descentes raides, la présence de carre devrait permettre de freiner et de retenir la pulka pour peu que la largeur du chemin en permette l'utilisation.

Par contre, leur encombrement aux pieds et leur manque de maniabilité font que c'est rapidement une galère pour franchir des obstacles avec une pulka :

Les barbelés ne sont guère plus difficiles à enjamber à ski qu'avec des raquettes, mais le franchissement de la pulka change la donne.
Il faut souvent soulever le fil et tirer la pulka. Hors vous avez souvent du mal à effectuer cette manœuvre skis parallèles à la trajectoire de la pulka, si bien que 9 fois sur 10 elle vient sur vos skis lorsque vous la tirez, vous êtes coincés, vous vous énervez, vous vous piquez... et mettez du sang partout.

Pour contourner des troncs d'arbres couchés en travers du chemin et louvoyer dans une forêt de sapin, pas besoin de faire un dessin, la longueur des skis plaide en leur défaveur.

Pour le franchissement de congères, autant vous pouvez la gérer bourrin avec des raquettes, autant si vous adoptez cette méthode avec des skis, vous êtes assurés de vous retrouver le nez dans la neige. Il faut la jouer finement, en escalier, ski bien parallèles à l'obstacle.


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Dernière modification le 14/10/2009

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