Queyras du 4 au 7 février 2010


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Les problèmes de santé de Taïga étant en partie résolus, il était possible pour Ilouliak et moi de nous échapper dans la nature, laissant Sylvie et la convalescente à la maison.
Le point de départ choisi pour cette itinérance fut le même que lors du séjour 2008. Cependant, au lieu de monter directement depuis Château-Queyras vers le plateau de la Médette, j'ai décidé de me diriger vers Montbardon puis le col Fromage avant de rejoindre ce plateau.


Etape 1 : Château-Queyras - col Fromage



J'atteins la fin de la piste en début d'après midi et rejoins le tracé du GR58. La pente qui s'accentue et l'absence de trace m'obligent alors à troquer mes skis contre mes raquettes. Il me faut aussi libérer Ilouliak et renoncer à son aide car il enfonce jusqu'aux épaules. Dans de pareils cas, il passe derrière la pulka afin de s'économiser.




C'est par une piste peu pentue que je rejoins Montbardon distant de 6 km. Bien que profonde et moins large que la pulka, la trace présente facilite la progression.
Un beau ciel bleu agrémente cette première matinée.


La progression vers le col Fromage fut laborieuse. J'ai mis 2h20 pour couvrir 2 kilomètres de distance et 430 mètres de dénivelé sous un ciel qui s'est progressivement couvert.
Arrivé sur le tracé du GR5, je suis à découvert sous les crêtes de la Selle. Pour ce jour, le risque est de niveau 3. Je suis équipé d'un ARVA, mais étant seul, il ne servirait à retrouver mon corps que quelques jours plus tard en cas d'avalanche...
Compte tenu de l'heure et de la température, j'estime qu'il y a peu de risque d'être victime d'un déclenchement spontané.
Il me faut par contre être vigilant dans mes trajectoires et estimer si le manteau neigeux sur lequel j'évolue est suffisamment stable. Il va de soit que j'ai rattaché Ilouliak.
Au début, malgré une visibilité qui diminue, je parviens à anticiper mon cheminement vers des zones peu pentues. Celles-ci me permettent de récupérer et de repérer dans les pentes à traverser quelles sont les parties concaves où le risque de déclenchement accidentel est plus réduit.
Hélas, le jour baisse et il arrive un moment où il ne m'est plus possible d'utiliser cette stratégie. Il me reste moins d'un kilomètre à parcourir. C'est à la fois peu et beaucoup. Les questions et les hypothèses se succèdent rapidement dans ma tête. Il faut maintenant prendre une décision pour sortir de ce passage dans un sens ou dans l'autre avant la nuit.
A partir du moment où je maîtrise de moins en moins de paramètres, poursuivre reviendrait à jouer à la roulette Russe.
La décision est prise : on rebrousse chemin malgré les efforts effectués pour parvenir jusqu'ici.
Je sais qu'il n'y aura pas d'autre tentative possible demain puisque les prévisions annoncent d'importantes chutes de neige durant la nuit.
Cette décision implique donc un retour jusque Montbardon, autant dire pratiquement le point de départ de ce matin.
Je redescends en 35 minutes ce que j'avais gravi en plus de 2 heures et trouve un coin pour installer mon bivouac.
Durant le repas, conformément aux prévisions, les premiers flocons apparaissent. J’installe donc mon tarp pour la nuit.


Etape 2 : Col Fromage - Clos Henri

Mon installation du tarp à l'aide de ficelles tendues entre les arbres a bien résisté à la neige. C'était la première fois que je l'utilisais et je peux dire qu'en absence de vent c'est une solution valide.

Je continue le retour vers Montbardon. Avec les chutes de neige qui continuent, les traces ont pratiquement disparues.

De gros flocons tombent sur Ilouliak et me font imaginer qu'il se transforme en petit mouton blanc. Un comble pour un Malamute !!!

Même si j'emprunte un autre itinéraire pour accéder au plateau de la Mélette, comme hier et comme les courbes de niveau de la carte le laissaient prévoir : plus je m'élève, plus la pente s'accentue. En ajoutant à cela les 50 cm de neige fraîche, il vous est facile d'imaginer les difficultés que j'ai dû surmonter pour faire progresser la pulka.
A plusieurs reprises, j'ai dû la laisser et faire un premier passage pour préparer la trace. D’autres fois, j'ai progressé en jouant au "yo-yo" avec elle (je la hisse jusqu’à moi, la stop, puis fais quelques pas qui m’en éloignent, ainsi de suite...).

Ce n'est qu'à 16h30 que je parviens non sans joie, sur ce plateau qui se refusait à moi depuis hier.
Nous l'avions arpenté en 2008 sous un beau ciel bleu. Cette fois, je le contemple sous un ciel gris lâchant de gros flocons.
Afin de passer une nuit confortable et de faire sécher mes affaires, je souhaite rejoindre le refuge du clos Henri.
Dans ce secteur, il n'y a pas d'avalanche à craindre. J'ai juste à gérer, et c'est bien plus facile, la lenteur de ma progression ainsi que la grosse fatigue que je ressens et que je perçois chez Ilouliak.
J'ai déjà allumé ma frontale depuis un moment, j'aurais aimé souper à l'abri dans le refuge, mais il est plus judicieux de faire une pause en chemin pour reprendre des forces.
C'est vers 22 heures que j'atteindrai mon but et jusqu’au bout j’aurai la hantise de trouver le refuge complet. Mais l'absence de trace récente devant la porte, que je pousserai quand même délicatement, dissipera mes craintes.


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Dernière modification le 11/02/2010

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